Always hearing the same ol'
Sticky boredom with a book
I can make it do things you wouldn't think it ever could..."
Nirvana/Fecal Matter, Spank Thru, 1985
Tout semble avoir été déjà dit, écrit, déclaré, répété et amplifié au sujet d'un certain Kurt Cobain, roi déchu sans couronne (ou alors une "cotton crown" à la Sonic Youth!) du Seattle Grunge Scene, mythique empire musicale aux sonorités inventives et abruptes, maintes fois imitées mais jamais vraiment égalées, alors pourquoi en rajouter une couche supplémentaire en se joignant à la mêlée des admirateurs transis ou de journalistes prompt à créer moult articles et autres "events" a son sujet? Eh bien, parce qu'étant moi même fan du bonhomme et de sa musique incomparable et, par extension de l’esthétique grunge en général (mode, littérature, fiction, et...musique!), je ne pouvais absolument pas faire l'impasse sur cet incroyable musicien au destin tragique sur lequel tout a été dit, voir souvent inventé par quelques médias un peu trop zélés, surtout quand sort un ouvrage sur lui. Oui mais pas n'importe quel ouvrage en fait, puisqu'il ne s'agit pas d'une énième biographie rock "hommage- hagiographique-machin-chouette-sur-un-génie-de-la-musique-rebelle-sans-cause-junky-écorché vif-parti-trop-tôt" (ouf!), mais d'une bande dessinée adaptée d'un roman plutôt cool écrit par un jeune auteur français et sorti en 2013. Et c'est le genre de bouquin totalement persona grata dans mon univers, puisque décalé, "so rock'n'roll" et graphique.

Mis en valeur par un graphisme absolument superbe et élégant, tout en finesse et en esquisses délicates, ce "Roman de Boddah" prend d'emblée une plus-value incomparable, baignant dans une atmosphère intimiste et particulièrement émouvante, à l'image de ce cher Kurt Cobain, musicien regretté à la carrière météore, doté d'une personnalité complexe et recelant encore en lui moult mystères jamais totalement élucidés à ce jour, malgré la pléthore d'ouvrages sortis sur sa vie et sur son groupe. J'ai été particulièrement émue par la mise en scène de ses maux intimes et de cette violence qui en découle à travers les dessins souvent très allégoriques, montrant sans fard les tourments destructeurs et la souffrance inouïe endurés par cet homme sensible sacrifié sur l'autel de la gloire et trop souvent incompris par son entourage. Un superbe hommage littéraire et graphique à découvrir absolument même si le rock et l'univers grunge ne sont pas votre tasse de thé, vous en ressortirez transis et bouleversés, foi de Lula Sawyer!
** "Le Roman de Boddah" scénario et dessins de Nicolas Otero, d'après le roman d'Héloise Guay de Bellissen paru aux éditions Fayard, éditions Glénat collection 1000 Feuilles. Lecture conseillée à partir de 15 ans.