jeudi 14 juillet 2016

Teddy ou la vie dans les bois, histoire d'un ours qui voulait vivre sa vie

"Please, don't lock me up, please, let me stay free
If you let me go, I promise I'll never come back
I'll take a ship across the sea
I'm young and poor and yes I'm afraid
But I'll stay myself and keep my vagabond ways..."


Vagabond ways, Marianne Faithfull, 1999

J'ai décidé aujourd'hui de rédiger une chronique un peu particulière sous la forme d'un hommage personnel, hommage que je souhaitais absolument rendre à un héros, une personnalité attachante mais dont la vie ne fut que synonyme d'enfermement et de souffrances, un de ces êtres purs que l'on ne peut qu'aimer sincèrement mais qui fut la cible de gens sans scrupules qui l'ont exploités toute sa vie par cupidité pour finalement le laisser mourir dans la solitude et la maladie, je veux bien entendu parler d'Arturo alias "l'ours polaire le plus triste du monde" comme l'avait surnommé les médias, et dont l'histoire tragique a révolté le monde entier qui découvrait ainsi des conditions de captivité horribles que personne ne pourrait (et devrait!) supporter. J'ai été personnellement très touché par la bouleversante histoire de cet adorable ours maltraité, capturé par les hommes dans sa tendre jeunesse et n'ayant connu rien d'autre que la vie entre 4 murs d'un zoo argentin sinistre, bien loin de sa banquise natale et de ses semblables, privé de l'essentiel, la liberté. Arturo le prisonnier qui tel Billy Hayes enfermé abusivement dans sa geôle turque dans les 70', n'aspirait qu'à une seule chose, pouvoir partir et vivre libre, mais contrairement à cet homme, il ne pu jamais prendre "l'express de minuit" pour se faire la belle et sa fin fut dramatique puisque la maladie l'a définitivement vaincu. Et c'est pour cela que je vais vous parler d'un court roman incroyablement beau et poignant qui raconte un peu l'histoire d'Arturo tant les similitudes sont troublantes, un roman russe magnifiquement écrit par Iouri Kazakov dont je suis très fière d'en faire ici la chronique.


































Arturo, l'histoire d'un ours... Troublant de constater que son histoire (vraie) rejoint sur beaucoup de point celle (fictionnelle) d'un certain Teddy, un ours lui aussi, mais brun et vivant plutôt dans la Toundra qu'au milieu des icebergs du Pôle Sud. Dans la Toundra, en fait pas vraiment puisque Teddy est un ours de cirque, qui fut capturé très jeune par les hommes et enrôlé de force pour devenir une attraction artistique, privé de liberté et de ses frères ours vivant dans la forêt. Il va vivre ainsi plusieurs années captif et dompté par les hommes, une existence terne et sans éclat d'ours saltimbanque habitué à obéir, jusqu'au jour ou poussé par une envie de changer de vie et une certaine soif de liberté, il réussit à s'enfuir, retrouvant sa forêt natale et la nature qui lui parait au tout début étrange et sauvage pour lui qui est habitué depuis toujours à la routine et au confinement dans une cage. Il va réapprendre peu à peu la vie libre et indépendante, s’aguerrir et retrouver ses instincts de bête sauvage, oubliant petit à petit sa vie d'alors ou il était l'esclave des hommes qui ne voyaient en lui qu'un moyen de gagner de l'argent et divertir les foules.




























L'histoire de Teddy m'a vraiment arraché quelques larmes, tant ses tribulations sont bouleversantes aussi bien dans sa vie d'artiste de cirque du début que dans son nouvel état d'ours libre dans la forêt, dépeinte ici sous les traits d'un environnement à la fois féerique et effrayant, chaleureuse et rude typiquement slave, un hymne à la nature belle et violente. On est réellement secoués sans jamais sombrer dans le mélodrame ou le pathos gratuit, Iouri Kazakov raconte juste une histoire simple et belle avec un certain sens du lyrisme qui prend aux tripes, une histoire universelle puisqu'elle concerne tout les êtres vivants du monde privés de liberté. Après avoir refermé ce merveilleux et court roman, j'y ai vu l'histoire d'Arturo, mais aussi de tout les autres malheureux animaux capturés par certains hommes sans moralité et jetés en pâture dans des parcs zoologiques ou des cirques, des êtres à qui on a volé la liberté, chose essentielle pour l'équilibre de chacun que l'on soit humain ou animal. Un bel hymne à la liberté, un plaidoyer pour avoir le droit de choisir et mener sa vie comme on l'entend, loin de la soumission et de la dictature d'autrui, que n'aurait certainement pas renié Henry David Thoreau avec son "Walden ou la vie dans les bois". R.I.P Arturo...

** "Teddy, histoire d'un ours" de Iouri Kazakov, traduit du russe par Alain Capon, illustrations de Bernard Jeunet, éditions Ecole des Loisirs. Lecture conseillée à partir de 9 ans **

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