samedi 30 juillet 2016

Doomboy, l'histoire du guitar hero inconnu

"I try to laugh about it
Cover it all up with lies
I try and
Laugh about it
Hiding the tears in my eyes
'cause boys don't cry
Boys don't cry..."

Boys don't cry, The Cure, 1980

Il y a des auteurs avec lesquels j'ai d'emblée quelques atomes crochus, mais ça j'imagine que vous le saviez déjà chers lecteurs à force de lire mes petites chroniques, des auteurs originaux possédant un style hors norme et inédit, qu'ils soient écrivains ou dessinateurs. Et aujourd'hui justement je vais vous parler de l'un d'entre eux qui combine à merveille les deux disciplines, texte et dessins, il s'agit d'un artiste mexicain incroyablement doué, Tony Sandoval, et dont l'univers sombre rempli de teenage désenchantés avec un je ne sais quoi de fantastique me rappelle un peu celui de Poppy Z Brite, écrivain adorée devant l'éternel par votre serviteur. Je suis tombée sur cet étrange "Doomboy" dont le titre plein de promesses m'a interpellé, magnifique couverture au style à la fois chatoyant et lugubre, et je me suis dit que cet ouvrage avait très largement sa place dans l'Interzone des livres et que le Dr Benway se devait de le prescrire. Partons donc tous ensemble à la découverte du petit monde insolite de Tony Sandoval.


































J'aime les histoires d'ados rebelles, écorchés vifs et turbulents, un peu comme ceux qui peuplent les superbes romans de Poppy Z Brite, les "teenage riot" décrit par Sonic Youth dans leur chanson éponyme, ces jeunes gens farouches plein d'inventivité et de blessures secrètes, comme le héro touchant de "Doomboy". Doomboy, ou plutôt D est un adolescent solitaire passionné de musique rock au style métal et alternatif, une sorte de Kurt Cobain écorché vif jouant pour lui même de la guitare électrique. Mélancolique et secret, D renferme en lui une grande blessure, causée par la disparition de sa petite amie et âme sœur Anny, blessure qui prends la forme d'un trou béant au niveau de son cœur, subtile métaphore de son délabrement intérieur et de sa tristesse immense. La musique lui permettra de lutter contre le désespoir sans fin qui le ronge, jouant sans cesse ses chansons poignantes à la guitare qui sont captées par un vieil émetteur radio et transmises à sa défunte bien aimée dans l'Au Delà, espérant ainsi continuer à vivre d'une certaine manière avec elle. Sauf qu'Anny n'est pas la seule à profiter des talents de D, puisque toute la ville capte et entend ses chansons, chansons commises par un certain Doomboy dit la rumeur. Mais qui est donc ce mystérieux guitar hero inconnu qui fascine et déchaine tant les foules?



























J'ai adoré lire les tribulations tragico-surréalistes de cet ado super attachant avec sa longue tignasse, sa dégaine grunge et son trou béant dans le cœur, les dessins de Tony Sandoval étant absolument superbes et expressifs, mélange de clarté lumineuse et d'esthétique néo goth, à mi chemin entre Tim Burton et Manu Larcenet période Combat Ordinaire. Une certaine douceur dans un univers sombre et triste, comme un merveilleux cauchemar éveillé ou les sentiments sont exacerbés pour ces jeunes à fleur de peau, vivant à travers la musique rock et les riffs de guitare. Un roman graphique subtil et intelligent, beau comme une chanson de Soundgarden, abordant les thèmes délicats de la disparition d'un être cher, la tristesse qui en découle et de la perte de repères avec pudeur et même un certain humour. Une découverte intéressante qui je l'espère vous bouleversera autant que je l'ai été, Doomboy ce héro inconnu, mériterait de figurer au panthéon des musiciens rocks, au côté de Stiv Bators et Kurt Cobain.

** "Doomboy" scénario et dessins de Tony Sandoval, éditions Paquet, collection Calamar. Lecture conseillée à partir de 13 ans **

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