vendredi 16 juin 2017

La foire aux atrocités, le monde selon J.G Ballard

"Asylums with doors open wide,
Where people had paid to see inside,
For entertainment they watch his body twist,
Behind his eyes he says, 'I still exist..."


Atrocity Exhibition, Joy Division, 1980


 Les mots de Ian Curtis (repose en paix cher bel ange déchu de la musique de mes rêves...) pour introduire une œuvre, que dis-je, un chef d’œuvre, un must, un monument de la littérature contemporaine anglo-saxonne que je viens de (re)lire avec un immense bonheur, portant le même titre que l'hymne torturé du leader de Joy Division, mais cela n'est pas un hasard, non puisque le sieur Curtis était un fin connaisseur et amateur de grande littérature, puisant son inspiration géniale dans les œuvres de Jean Paul Sartre, Dostoïevski, William S Burroughs (que du très, très bon donc, en toute objectivité!) et bien entendu J.G Ballard, avec ce très beau et inclassable "Foire des Atrocités", un diamant à l'état brut, intaillable et difficile à cerner de prime abord, complètement inclassable et fou, un véritable électron libre, écrit par un auteur inspiré et tout aussi électron libre. Welcome to the show gentlemen, et venez découvrir cette foire d'un genre très particulier, vous êtes mes invités et je serais bien évidemment votre hôte!


































Comme spécifié un peu plus haut, "La foire aux atrocités" est une œuvre (très) atypique, complètement inclassable et un brin foutraque, au style non linéaire, un roman qui ne ressemble à aucun autres romans, avec un fil conducteur, un récit bien suivi et une galerie de personnages évidents et bien identifiés. Exception faite avec les œuvres de William S Burroughs, avec qui J.G Ballard partage beaucoup, je pense évidemment au "Festin Nu", "Interzone" et "La Machine Molle" qui présentent certaines similitudes troublantes avec notre dite foire aux atrocités, de part sa structure très particulière composée de courts chapitres dispersés qui n'ont pas toujours de liens entre eux, sa vision salement désenchanté et apocalyptique du monde et de l'humanité en général, son excentricité et sa fantaisie noire, son drôlerie aussi, cinglante et cynique à souhait. On est complètement immergé dans les visions sombres et déstabilisantes de l'auteur, qui nous entraine dans une véritable sarabande désenchantée, dans une sorte d'urgence d'une futur catastrophe à venir, quelque part entre Mad Max et Hiroshima, un véritable miroir tendu à la face de l'humanité qui du coup nous montre toute l'étendue de son atrocité et de sa laideur, sans fard et sans hypocrisie, une laideur banale en somme mais proprement effrayante. Sans hypocrisie, car dans l'univers de J.G Ballard tout est toujours juste, sincère et cru, sans le souci de vouloir paraitre joli, hyper cohérent ou poétique, même si une certaine cohérence et poésie destroy émane de tout ceci.
































Difficile donc de faire un résumé précis et bien propret d'une œuvre folle et libre commencée par J.G Ballard dans les années 60 et achevée 30 ans plus tard, œuvre qui est loin d'être proprette et qui sera loin de plaire à tout le monde, amateurs de romans fleuves et autres histoires bien linéaires, passez votre chemin, ou si vous souhaitez vous immerger dans le très complexe et sulfureux univers de J.G Ballard, je vous conseillerais davantage "La forêt de cristal", roman de science fiction à la structure plus classique et abordable, et beaucoup moins cut-up que cette étrange "Foire aux atrocités", dont je ne taris pas d'éloges à son sujet et que je considère comme un chef d’œuvre très important de la littérature du XXème siècle, puisque personnellement je suis très fan de ce genre de fiction/livre/univers, mais je sais très bien que ce ne sera pas le cas de tout le monde, il faut être honnête! J.G Ballard est un grand monsieur de la littérature anglo-saxonne, ou plutôt était, puisqu'il s'est éteint en avril 2009 à l'âge de 78 ans, son style brillant et hors norme a même inspiré d'autres artistes tout aussi atypique et brillant, pour ne citer que l'un des plus célèbres d'entre eux, le canadien David Cronenberg, dont l'univers cinématographique étrange rejoint totalement celui du romancier, il n'y a qu'a regarder son adaptation de "Crash" réalisée en 1996 pour s'en convaincre. 

** "La foire aux atrocités" ("The atrocity Exhibition") de J.G Ballard, préface de William Burroughs, traduction française de François Rivière, éditions Tristram, collection Souple.












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