mardi 20 juin 2017

New York, New York, un chant d'amour

"Hey, white boy, what you doin' uptown?
Hey, white boy, you chasin' our women around?
Oh pardon me sir, it's the furthest from my mind
I'm just lookin' for a dear, dear friend of mine
I'm waiting for my man..."


I'm waiting for the man, The Velvet Underground, 1967

Un chant d'amour... Je vous vois déjà venir, voir bondir en lisant cette brève phrase d'introduction qui est également le titre de ma chronique du jour, en vous demandant comment un chant d'amour peut il être compatible avec une quelconque mauvaise influence, ce blog virerait il dans le mièvre et la littérature à l'eau de rose en faisant la (mauvaise) promotion de quelques roman-photos et autres ouvrages Barbara Cartlandesque vendus 3 euros six sous dans les (mauvaises) échoppes de livres? Non, non, non ne nous emballons pas, puisque la référence est tout autre, accolée à un titre, LE titre de l’œuvre du jour donc, rappelant une certaine rengaine mythique chantée par une certaine Liza Minelli en 1977, puis (re)popularisée deux ans plus tard par un certain Frank Sinatra. Je pense à un écrivain très cher à mon cœur, plutôt bien placé dans mon top ten perso de mes auteurs favoris, le grand, l'unique, le sulfureux Jean Genet, à qui j'ai emprunté ce "chant d'amour" pour vous parler d'un manga passionnant, et qui même si il n'a pas grand chose en commun avec les livres du dit Monsieur (avec un grand M), excepté le thème de l'homosexualité bien évidemment, me semblait tout trouvé et parfait pour introduire une histoire d'amour, qui je vous rassure tout de suite, n'a rien d'une bluette écrite par notre amie Barbara, promis juré!


































New York et sa vie trépidante d'une ville qui ne dors presque jamais, ou voyous et policiers se croisent et s'affrontent, les uns poursuivant sans relâche les autres, jouant éternellement au jeu du chat et de la souris, les rues animées et les quartiers interlopes, les bars ou l'on s'amusent et ou l'on se draguent, le danger permanent qui plane au dessus des têtes innocentes tel une épée de Damoclès, des histoires d'amours naissantes, une histoire d'amour surtout, celle d'un homme qui rencontre un autre homme un soir, par hasard dans un bar gay, un véritable love at first sight comme disent nos amis anglo-saxons, un bel ange blond du nom de Mel Fredericks qui apparait tel un miracle dans la vie plutôt rangée et routinière de Kain Walker, un jeune policier de 25 ans qui cache depuis toujours sa véritable nature à ses collègues et à son entourage. Les deux hommes, voulant vivre leur amour à la fois puissant, sans faille mais aussi fragile, vont devoir affronter une certaine réalité abrupte, un quotidien pas toujours rose pour les couples du même sexe, victimes depuis la nuit des temps d'ostracisme violent, de rejet, d'incompréhension, de méchanceté gratuite et de haine profonde émanant de certaines personnes qui refusent, et refuseront toujours d'admettre que l'amour n'a pas de sexe, de couleur et de limites, et que chaque être humain est libre d'aimer qui il le souhaite et de vivre selon les désirs de son cœur. Un amour immense et une destinée incroyable pour ces deux jeunes hommes, que tout oppose, le blond et sensible Mel, orphelin de mère, cachant un passé trouble et dont la vie n'a pas été du tout un long fleuve tranquille, bien loin de la même, contrairement à Kain Walker, brun et impulsif, qui à toujours été couvé, protégé et adulé par sa mère Ida.






























Un excellent manga oscillant entre le shojo (pour la romance et les très beaux dessins fins et délicats souvent ornés de fleurs!) et bien entendu le yaoi/shonen ai (pour le thème 100% LGBT, ces deux termes désignant des mangas gays ) mis en scène de façon très originale, doté d'un scénario haletant et hyper passionnant, ponctué de petits cliffhangers façon série policière américaine, puisque justement ce manga flirt allègrement avec le genre, policiers, enquêteurs du FBI, serial killers hyper dangereux et psychopathes particulièrement flippants pullulent dans les 4 tomes de cette saga passionnante, cette sublime histoire d'amour qui semble éternelle entre Mel et Kain, j'ai vraiment été très touchée par ces deux la, par leur beauté, leur grandeur d'âme et leur pureté presque enfantine, et pourtant habituellement je déteste tout ce que j'appelle les "Harlequinades", les romans à l'eau de rose et compagnie! Mais ce manga évoque aussi des choses plus sérieuses, plus difficiles aussi, comme le SIDA, le rejet des homosexuels, la peur de s'affirmer en tant que gay, les relations avec autrui (amis, collègues, famille), les préjugés, la marginalisation, la solitude, l'homoparentalité, et ça c'est vraiment très appréciable et pas franchement courant dans un manga, personnellement je n'ai jamais rien vu de tel ailleurs, ce qui fait que ce manga fait vraiment parti de mes gros coups de cœur, il est magnifiquement dessiné, scénarisé, intelligent, palpitant et sensible, sans jamais tomber dans le cliché facile ou le sentimentalisme à deux sous, ce qui n'était pas évident au départ au vu de son sujet un brin casse gueule. Je le conseille à tous, amateurs de bons mangas, de yaoi, de shojo, de séries policières, LGBT, hétéros, amoureux transis, incorrigibles romantiques, durs à cuir cachant une âme fleur bleue, adeptes de la manif pour tous (sic), bref pour tout les êtres humains à partir de 14 ans!

** "New York, New York" dessins et scénario de Marimo Ragawa, éditions Panini/Génération Comics. 4 tomes parus.** 



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