jeudi 16 juin 2016

Psycho-Pass, ou les âmes perdues dans la jungle urbaine

"I'm a teenage schizoid, the one your parent despise
Psycho therapy, now I got glowing eyes
I'm a teenage schizoid, pranks and muggings are fun
Psycho therapy, gonna kill someone
Psycho therapy, psycho therapy..." 

The Ramones, Psycho Therapy, 1983

Grande nouveauté du jour et du blog puisque, attention, roulements de tambour, j'inaugure une nouvelle rubrique consacrée aux manga, une rubrique indispensable que j'ai eu jusqu'ici l'outrecuidance de passer à la trappe, ce qui à mon sens constitue une faute impardonnable, faute aujourd'hui réparée puisque je me suis empressée de rédiger une première chronique, une première qui ne sera certainement pas la dernière soit dit en passant, sur un manga très récemment sorti, le genre d’œuvre qui a tout fait sa place ici puisque hautement concentré en SF et diverses influences littéraires de haute volée que j'affectionne particulièrement, mais ceci vous devez commencer à le savoir :) Alors de quoi s'agit il pour cette première incursion dans la "maison du soleil levant"? Et pour ceux et celles qui l'aurait remarqué, j'ai bien emprunté ce titre charmant au tout aussi charmant groupe culte des 60' The Animals, "The house of the rising sun" une superbe ballade rock classieuse aux relents de nostalgie qui convenait à merveille avec le ton de La Mauvaise Influence, ainsi que le jeu de mots/petit clin d’œil au pays du Soleil Levant d’où sont issus la plupart des manga que j'aime lire et découvrir.


































Avant tout chose il faut que vous sachiez chères lectrices et chers lecteurs, que ce fameux "Psycho-Pass" est une sorte de cathédrale, un monstre sacré de l'animation japonaise, une énorme claque reçue en pleine face dès le visionnage du 1er épisode, moi qui ne suit pas vraiment une admiratrice forcenée des anime, préférant et de loin les versions "papier". "Mais de quoi parle t'elle?" doivent se demander certains, alors il n'est plus question de causerie manga donc? Et bien en fait il s'avère que le manga dont je parle est issu de la dite série éponyme "Psycho-Pass" sortie sur les écrans nippons entre 2012 et 2014 (et un plus tard chez nous, mais ça c'est normal!), il s'agit d'une adaptation d'un anime, et non l'inverse comme c'est très souvent le cas pour la majorité des manga à succès. Mais en fait ça cause de quoi tout cela? Pour répondre à cette grande et épineuse question, il s'agit d'un seinen (manga destiné aux plus grands) très orienté SF, puisque se déroulant au Japon dans un futur plus ou moins proche, plus exactement au XXIIème siècle, une époque plutôt sombre et morose, puisque régie par des lois étranges et limites liberticides, ou le gouvernement sous couvert d'offrir à ses citoyens une qualité de vie synonyme de sécurité et de bonheur, a mis en place un système impitoyable baptisé "Sibyl" capable de contrôler l'état émotionnel et psychologique des gens au moyen d'un processus de "teinte" qui détermine leur nature et leur dangerosité potentiel, plus leur teinte étant sombre et plus leur psychisme est atteint, pouvant les transformer en criminel notoire. Un système montrant aussi ses limites puisque sont exclus tout ceux et celles qui ne veulent pas se conformer à un système de pensée unique, qui pensent par eux mêmes en se rebellant et n'acceptent pas les règles du jeu, devenant ainsi les marginaux que la bonne société veut expulser et combattre à tout prix. Une unité de police spéciale lutte jour et nuit contre le crime, doté d'une super technologie et d'une armée d'inspecteurs et d'exécuteurs... qui s'avèrent être d'anciens criminels dormants possédant un passé trouble et une teinte du même acabit, engagés par le gouvernement qui leur donne une chance de se réinsérer plutôt que de moisir dans des prisons asiles ou l'on "soigne" tout les récalcitrants à la teinte sombre, futurs psychopathes en devenir. Sauf que les psychopathes ne sont pas forcément ceux que l'on croit...


























Adapté de la passionnante série "Psycho-Pass", ce manga en est le préquel, puisque se déroulant quelques temps avant l'arrivée du personnage principal, l'inspecteur Akane Tsunemori, qui elle aussi a eu droit à sa propre série de manga encore inédite en France. Le personnage central est ici un inspecteur plutôt flegmatique et beau gosse du nom de Shinya Kôgami, flanqué d'une équipe d'exécuteurs enquêtant sur diverses affaires criminelles plutôt éprouvantes, et il est intéressant de le voir évoluer dans cet excellent manga bien dessiné et au scénario palpitant AVANT qu'il ne bascule du côté obscur de la force, mais je vais m'arrêter la de peur de trop "spoiler" en dévoilant certains aspects de l'intrigue d'une œuvre démente que je vous invite vivement à visionner, si ce n'est déjà fait. En résumé il s'agit d'un très bon seinen particulièrement intelligent et audacieux, puisque posant certaines questions essentielles sur le sens de la vie et la notion de liberté remise en question au nom d'un certain idéal collectif imposé, totalement dans l'air du temps avec ce que nous vivons nous mêmes actuellement au XXIème siècle. Beau et glaçant mais totalement indispensable.

** "Psycho-Pass, Inspecteur Shinya Kôgami" dessins de Natsuo Sai et scénario de Midori GoTou d'après la série "Psycho-Pass", éditions Kana, collection Dark Kana. Lecture conseillée à partir de 13 ans. **

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